Les relations sino-africaines ont été toujours considérées comme primordiales sur le plan stratégique par les différentes générations de dirigeants chinois depuis l’établissement de la République populaire. Aujourd’hui, sous la gouvernance du Président Xi Jinping, les « frères africains » ont une place encore plus significative et stratégique dans l’action géopolitique chinoise et la diplomatie d’influence qu’elle déploie, notamment avec le lancement, puis l’extension de l’Initiative Ceinture et Route (BRI en anglais).
Le Sommet de Beijing 2018 du Forum sur la Coopération Sino-africaine (FCSA)
Le Sommet de Beijing 2018 du Forum sur la Coopération Sino-africaine a été considéré comme un des plus grands évènements diplomatiques de l’année 2018. Selon l’ancien l’Ambassadeur de Chine au Congo, Monsieur Wu Zexian, « La coopération sino-africaine se fait en construisant une communauté de destin à travers de multiples projets de développement sur le continent africain. »
Qu’est-ce que l’on peut retirer de ce sommet ? Principalement, le Sommet a mis la lumière sur les priorités de la coopération sino-africaine : le développement de l’industrie en Afrique et sa modernisation, le développement local des infrastructures, de l’agriculture, de la santé publique et de la culture en Afrique. C’était aussi un sommet très chargé qui se composait de toute une journée de tables rondes - du matin au soir le 4 septembre. Au total, 14 forums suivis ont eu lieu en même temps selon les différents sujets. Il y avait la discussion très intensive sur les projets, les plans et les stratégies de coopération.
Quelques idées reçues qui sont fausses, d’après Monsieur Li Dan, professeur à l’Institut de Diplomatie de Chine, chercheur du Centre de recherche sur l’Afrique de CFAU.
Investir en Afrique est autrement risqué car ce n’est pas rentable.
Même si ces dernières années, la Chine a beaucoup investi en Afrique, elle est encore loin d’être la tête sur la liste d’investisseurs en Afrique. Selon le dernier rapport de l’investissement de l’ONU, le premier investisseur sur ce continent reste toujours les Etats-Unis, le deuxième, la Grande Bretagne, la France se trouve à la troisième place et la Chine se trouve derrière la France, donc quatrième investisseur en Afrique. Beaucoup d’occidentaux viennent ici investir leur argent, ce n’est pas pour le perdre, ce qui indique une rentabilité est minimale. De l’autre coté, aujourd’hui, dans la relation sino-africaine, de plus en plus d’acteurs privés ont suivi les pas du gouvernement chinois, qui était initialement le seul à investir. La présence d’argent privé peut donc nous rassurer sur la rentabilité des investissements ; ceux-ci produisent des effets dans une dynamique gagnant-gagnant et des bénéfices réciproques.
Dans ce même dossier, les investissements en infrastructures (routes, autoroutes, chemins de fer) ont une rentabilité limitée à court-terme en eux-mêmes, mais il faut penser aux impacts que ces infrastructures peuvent donner au développement de la région. Il faut donc adopter un point de vue de long terme et global.
Les Chinois sont là pour piller les ressources naturelles de l’Afrique
Le commerce en matière de ressources naturelles n’est pas un péché. Cela dépend des conditions sous lesquelles l’action commerciale se déroule. Beaucoup de pays africains possèdent d’abondantes ressources naturelles qu’ils veulent mettre en valeur de façon plus importante par une mise en concurrence des acheteurs. Ainsi, les nouveaux acheteurs comme la Chine, l’Inde ou d’autres pays voulant entrer sur le marché africain, permettent aux pays africains de renforcer leur capacité de négociation des prix. Donc dans tous les cas, la Chine n’effectue jamais de pression ni politique ni militaire sur les commerçants africains. Tout cela se déroule vraiment sur la base de conditions d’équité et sur la base du principe gagnant-gagnant.
Effectivement la Chine exporte de produits beaucoup vers l’Afrique parce que depuis des années la Chine est devenue la première puissance manufacturière de notre planète, l’usine du monde. Dans les échanges commerciaux avec les « amis africains », les Chinois réalisent que pour un meilleur avenir contre la pauvreté, il faut compter sur le développement industriel. Donc aujourd’hui, ils coopèrent sur la modernisation, l’industrialisation et transfèrent la capacité productive de la Chine vers les pays africains. Sans industrialisation, sans secteur secondaire, les pays ne peuvent pas atteindre une vraie modernisation et un vrai développement. C’est le principe fondamental de la coopération sino-africaine.
La Chine exporte le « Modèle chinois » vers l’Afrique.
Même si le mot est beaucoup utilisé partout dans le monde, les Chinois n’aiment pas le mot « modèle » parce que nous ne voulons pas exporter le modèle chinois et ce n’est non plus le terme utilisé en Chine pour qualifier le développement issu des échanges avec le monde extérieur. En Chine, on parle davantage du partage de l’expérience du développement ; les expériences chinoises mais aussi dans deux sens. Il s’agit de montrer au monde extérieur ce qu’est la voie chinoise et non de l’imposer à des pays amis ; les amis africains peuvent retirer ce qu’ils trouvent utile parmi ce que la Chine a fait depuis quarante ans. Donc, ce qui compte pour la coopération est le partage de l’expérience et le développement dans beaucoup de domaines, pas seulement économique mais aussi culturel et même sur le plan de la gouvernance. Ces dernières années, beaucoup d’échanges ont été organisés et effectués entre les Chinois et les Africains.