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L'objectif de l'Association franco-chinoise de développement commercial partagé est d'améliorer la compréhension réciproque entre Chinois et Français
et de favoriser la création de liens commerciaux durables entre les deux peuples.
Bulletins macro-économiques
par Simon Azoulay

 

Bilan 2020 T1

            L'économie mondiale a fortement été impacté par l’épidémie du covid-19 qui a touché le monde entier. L’épidémie apparue en décembre 2019 en Chine a considérablement ralenti l’économie du pays, alors que la plupart des puissances subissent une récession économique au second semestre 2020, seule la Chine échappe à cette récession. En effet, alors que le PIB des pays comme les Etats-Unis et le Japon chute, celui de la Chine a rebondi de 11,5% au deuxième semestre après une chute de 10% enregistrée au 1er semestre. Pour la première fois de son histoire, le PIB chinois a décroché au premier trimestre de -6,8% au premier semestre et un rebond de 3,2% au second semestre d’après le bureau national des Statistiques de Chine. Le PIB de la Chine était d'environ 6 530 milliards de dollars durant les six premiers mois de l'année. Cependant, ces chiffres restent en deçà de ceux que la deuxième puissance économique de la planète a enregistré ces dernières années. 

           La reprise demeure partielle et elle est plus nette dans le secteur secondaire que dans le secteur tertiaire. Après la longue pause économique du pays début février, l’activité a repris sous l’impulsion des autorités. Selon le cabinet de conseil Trivium, le taux de reprise aurait été de l’ordre de 70 % à la mi-mars avec néanmoins des variations au niveau local. Dans les industries stratégiques et essentielles, telles que la production de masques ou de ventilateurs ayant pour la plupart fait l’objet de reconversion de chaînes de production, le taux de reprise est supérieur à 100.
De plus, la stabilisation de l’emploi est une priorité pour les autorités chinoises depuis le début du ralentissement de l’économie chinoise en 2018. Le chômage a fortement progressé début 2020 sous l’impact de l’épidémie de covid-19. En février 2020, le taux de chômage s’élevait à 6,2% en forte hausse par rapport à décembre 2019. Mais la situation s’est légèrement améliorée en mars. Cependant, stabiliser l’emploi reste un prérequis indispensable pour garantir la reprise de l’économie en Chine. La Fédération chinoise de l'industrie et du commerce appelle les entreprises du secteur privé du pays à maintenir l'emploi. Lors d'une réunion Gao Yunlong, président de la fédération, a émis l'espoir d’éviter les licenciements et la réduction des salaires dans les entreprises privées chinoises. Pour ce faire les entreprises privées doivent saisir les opportunités du marché, attribuer plus d’importance à la qualité et donner la priorité à l’innovation.

          L’inflation quant à elle, elle a de nouveau ralenti en Chine au mois de mai puis retrouve un niveau comparable à début 2019 sur fond de reprise de l'activité, après une hausse record en début d'année pour cause d'épidémie. En mai 2020, les prix à la consommation ont augmenté de +2,4% sur un an, selon le Bureau national des statistiques (BNS). Le ralentissement de l'inflation en mai a été attribué par le BNS à une baisse des prix de l'alimentaire (-3,5% sur un an). Les mesures de confinement adoptées par la Chine à partir de fin janvier pour avaient largement désorganisé les réseaux de distribution de biens alimentaires à travers le pays.

 
           Ainsi, pour surmonter les difficultés économiques subies par la Chine, les autorités décident de mettre en place un plan d'investissement massif de près de 500 milliards d'euros. Lors de l'ouverture de la session annuelle du Parlement, le Premier ministre Li Keqiang a renoncé cette année à fixer un objectif de croissance, il déclare : "Notre pays sera confronté à certains facteurs qui sont difficiles à prévoir" en raison de la pandémie de covid-19 qui plombe l'économie mondiale. Le déficit du pays augmentera ainsi de 1.000 milliards de yuans (128 milliards d'euros) par rapport à l'an dernier ». Pourtant, la Chine n'a plus connu d'excédent budgétaire depuis 2007. Li Keqiang a également annoncé l'émission de "Corona bonds", un emprunt d'Etat de 1.000 milliards de yuans en réponse à l'épidémie. Enfin, l’ancien vice-premier ministre Zhu Guangyao, estime qu’en cumulant toutes les mesures annoncées (déficit budgétaire accru, émission d’obligations et baisses de diverses taxes et cotisations sociales), ce sont 6 200 milliards de yuans (environ 773 milliards d’euros) qui sont injectés dans l’économie.
Bilan 2019
Sources : China Daily, Global Weekly, du 13 décembre 2019 et du 20 décembre 2019 / F. Schaeffer pour Les Echos du 20 janvier 2020 / Prévisions Standard Chartered Bank.
 
         Pour 2019, la croissance du PIB s'est maintenue à un niveau de 6,1%, dans la fourchette gouvernementale prévue (6-6,5%), en repli par rapport à 2018 (6,6%). Ce niveau reste élevé malgré les contraintes extérieures (guerre commerciale) et intérieures (restrictions de crédit en lien avec le désendettement) ; l'Etat a par ailleurs assoupli sa ligne en soutenant davantage les PME (baisses des taxes et assouplissement des restrictions de crédit), ce qui a permis d'atteindre l'objectif (le stimulus fiscal aurait fait gagner 1,8 point de croissance, d’après la Standard Chartered Bank). Sur les deux derniers trimestres de l'année, la croissance est restée stable à 6%, montrant la résilience de l'activité économique et validant la thèse de l'atterrissage progressif de la croissance à moyen terme. L'activité économique a donc vu la consommation prendre un peu plus le relai des exportations, dans un mouvement que le gouvernement chinois aimerait voir s'accentuer encore. Cette consommation a été dopée par le relèvement du seuil de d'imposition sur le revenu, qui participe également de la politique de réduction des inégalités. Entreprises et particuliers confondus, ce sont 2 000 milliards de yuans (262 milliards d'euros) d'allègement de taxes qui ont été consentis sur l'année. L'objectif de croissance pour 2020 sera dévoilé en mars, et devrait être autour de 6% (Standard Chartered Bank). Mais cet objectif pourrait être rendu plus flexible, pour permettre une croissance davantage qualitative que quantitative. Un taux de croissance de 6% environ permettra d'atteindre l'un des objectifs du centenaire (centenaire du parti communiste en 2021), qui prévoyait de doubler le PIB de 2010 en 10 ans. L'objectif 2020 ne pourra, comme en 2019, être atteint sans le soutien de l'Etat, qui prévoit de nouveaux assouplissements dans sa politique de désendettement.
 
           Mais les efforts de baisse de la fiscalité ne pourront être renouvelés dans cette proportion, aussi celui-ci prévoit-il (réunion du Bureau Politique du Comité Central du PCC du 6 décembre 2019) un glissement vers une hausse des dépenses (infrastructures notamment) qui semblent avoir un meilleur effet de levier. Le gouvernement central prévoit toutefois de pousser les gouvernements locaux à rationaliser leurs dépenses et à contenir les hausses, tout en faisant appel à l’émission d’obligation dès le niveau local. Le déficit du budget de l'Etat s'est établi à 2,8% du PIB, quand le budget global (budget de l'Etat et budget des gouvernements locaux réunis) est en déficit de 6,5% en 2019 (contre 4,7% en 2018). Pour 2020, la Standard Chartered Bank prévoit que le déficit de l'Etat se maintiendra sous les 3% et un déficit du budget global du même ordre que celui de 2019.
 
En matière de politique monétaire, la Banque du Peuple devrait rester réfractaire à toute idée de quantitative easing et rester aussi loin que possible des taux d’intérêts négatifs. Le taux de réserve des banques pourrait être assoupli de 50 points de base au début des trois premiers trimestres de l’année 2020 (la première baisse a été effective au 1er janvier), d’après Stantard Chartered Bank. Les taux directeurs à moyen terme pourraient être abaissés de dix points de base, au premier et au second trimestre.
 
Le rythme des créations d’emploi s’est révélé excellent, puisque l’objectif de 11 millions d’emplois créés a été atteint dès le début octobre. Le taux de chômage s’établissait à 3,6% en zone urbaine en septembre (en baisse sur l’année) et à 5,2% sur le territoire (l’objectif était de 5,5%).
 
L’inflation est remontée à son plus haut niveau depuis 2011, avec un taux de 4,5% en rythme annuel pour les deux derniers mois de l’année, alors qu’elle avait été contenue sous les 3% jusqu’en septembre.

Pauvreté. Sur l'année 2019, 10 millions de personnes ont à nouveau été sorties de la pauvreté, ce qui devrait permettre pour 2020 l'éradication totale de la grande pauvreté.

Concernant les Nouvelles routes de la Soie, la Chine prévoit le lancement d'une nouvelle phase en 2020, avec une coopération approfondie avec les villes situées sur ces routes, et la promotion d'un développement davantage qualitatif. 18 000 trains ont circulé entre 110 villes sur 2019 et 409 nouvelles routes aériennes ont été créées.

Démographie : 14,6 millions de naissance ont eu lieu en 2019 (Bureau national des statistiques), soit une baisse de 4% par rapport à 2019 et un taux de natalité d'une faiblesse record (10,4 naissances pour 1000 habitants). La politique de relance de la natalité connaît donc une impasse, et le vieillissement continue de s'accentuer. L'économiste Patrick Artus de Natixis, interrogé par F. Schaeffer, estime que : "Le vieillissement démographique conduit à une forte tension du marché du travail, à une hausse rapide des salaires et des coûts salariaux unitaires. Conjugué aux surcapacités de production des entreprises chinoises, le mélange est explosif."

L’année 2019 a donc finalement été économiquement une bonne année pour l’économie chinoise et notamment pour les entreprises du secteur privé. Celles-ci, après avoir pâtit de la guerre commerciale, ont pu rattraper leur retard grâce à une consommation accrue, et des charges en baisse. La fin de la guerre commerciale pour 2020 devrait leur rouvrir des perspectives, même si les arrivées d’importations américaines (200 milliards de dollars promis par l’accord) devraient leur faire concurrence. Le marché chinois sera donc le lieu d’une concurrence accrue, d’autant plus qu’il sera toujours en croissance. Un bémol est à mettre concernant le Coronavirus, qui ralentit et l’activité de production, et la consommation au mois de janvier et qui devrait être actif au moins jusqu’à mi-février. D’autre part, l’inflation qui est repartie devrait rendre les entreprises occidentales mécaniquement plus compétitives sur ce marché et leur permettre d’y améliorer leur marge.
 
A long terme, la situation démographique est préoccupante, et explique le plein emploi qui est déjà la norme. D’ici cinq à dix ans, le vivier démographique devrait sensiblement se resserrer et provoquer de grandes tensions sur le marché du travail, mais aussi provoquer une hausse substantielle des salaires. Enfin, la priorité donnée aux entreprises d’Etat, qui est un marqueur de la politique de Xi Jinping et devrait donc se poursuivre, risque à long-terme de freiner le dynamisme du tissu de PME. A ce propos, Patrick Artus de Natixis soulève justement la question lancinante de leurs énormes surcapacités (Les Echos, 20 janvier 2020). Un point de vigilance important pour les investisseurs étrangers en Chine est donc de regarder si le secteur ciblé n’est pas déjà occupé par une entreprise d’Etat.



 
Derniers chiffres parus


 
PIB à fin 2019 : supérieur à 90 000 milliards de yuans (11 800 milliards d'euros)
Réserves de Change à fin janvier 2019 : 3 070 milliards de dollars (-70 milliards par rapport à fin 2017).

Balance commerciale au premier trimestre 2018 : - 28,2 milliards de dollars (premier trimestre de déficit commercial depuis 2001.


 
Informations 2019
 
          En mars et avril, les investisseurs chinois ont réduit leurs positions sur les Treasuries - les obligations d'Etat américaines, de 15 milliards de dollars environ, à 1113 milliards de dollars fin avril.
 

 
Bilan économique des fêtes du printemps
 
            Les consommateurs chinois ont dépensé plus de 1 000 milliards de yuans (147 milliards de dollars pendant les fêtes du printemps (entre le 4 et le 10 février) soit une hausse de 8,5% par rapport à 2017. Les dépenses ont essentiellement concerné l'alimentation, les voyages et les divertissements.



 
Bilan 2018
 
           Le commerce international chinois a connu un nouveau record en 2018, avec 30 510 milliards de yuans (4 510 milliards de dollars) de biens échangés, en hausse de 9,7% sur un an, malgré la guerre commerciale avec les Etats-Unis. Les exportations ont augmenté de 7,1% à 16 420 milliards de yuans pour 14 090 milliards de yuans d'importations (+12,9%). L'excédent de la balance commerciale a donc continué de se réduire (-18,3%). On note toutefois une fin d'année bien moins bonne, avec notamment des baisses au mois de décembre (exportations : -4,4% / importations : -7,7%). Cette dégradation du commerce a été enrayée par l'approche des fêtes du printemps avec en janvier +9,9% pour les exportations et seulement -1,5% pour les importations.

            La consommation intérieure voit une baisse tendancielle de son taux de croissance à 9% (plus bas niveau depuis 15 ans) ; la raison en est la baisse de la confiance des ménages, atteinte par la guerre commerciale avec les Etats-Unis. Elle est cependant le moteur économique de la Chine, loin devant les exportations, assurant 76,2% de la croissance du pays en 2018 (source : Bureau national des statistiques). La hausse des prix à la consommation des ménages a été de 2,1%.

            La Chine a créé 13,6 millions d'emplois sur 2018, chiffre stable par rapport à 2017, permettant d'encaisser l'arrivée de près de 15 millions de personnes sur le marché du travail. Le taux de chômage recensé est inférieure à 5%, équivalent à une situation de plein emploi. Parmi ces nouveaux entrants, 8,34 millions sont diplômés de l'enseignement supérieur, un record, tandis que 9 millions de jeunes ont passé le Baccalauréat chinois (Gaokao). Les créations d'emplois se maintiennent à un haut niveau depuis six ans (supérieur à 13 millions d'emplois créés). Dans le même temps, la population active chinoise s'est établie à 897 millions de personnes (population en âge de travailler, ayant entre 16 et 59 ans). C'est 26 millions de moins que lors du pic, en 2011, mais les experts gouvernementaux estiment la situation correcte pour le moment.

            Les Investissements directs étrangers reçus par la Chine en 2018 sont en hausse de 0,9% par rapport à 2017, se montant à 885,61 milliards de yuans (115,56 milliards d'euros). Le cumul sur 40 ans montre l'arrivée de 14 200 milliards de yuans d'IDE (1 850 milliards d'euros) qui auraient contribué à 10% des emplois urbains, 20% du revenu fiscal et 50% du volume commercial.

Objectifs 2019
                  D'après les chiffres communiqués par le Premier ministre Li Keqiang lors des deux sessions : la croissance devrait s'établir entre 6 et 6,5%, plus de 11 millions d'emplois devraient être créés et la hausse des prix à la consommation devrait être de 3%. D'autre part, la conjoncture globale a poussé les trois quarts des provinces ont réduit leur objectif pour l'année en cours. Voir l'article dédié aux deux sessions : ICI.

Barrières à l'entrée
Source : Rapport 2019 de la Commission européenne sur "Les barrières au commerce et à l'investissement"
          D'après ce rapport, la Chine est le pays disposant du plus grand nombre de barrières commerciales aux produits européens avec 37 législations restrictives au commerce (+10 sur 2018). Les restrictions imposées en 2018 toucheront environ 25 milliards d'euros de produits européens exportés vers la Chine. Elles découlent notamment de la réforme de la législation chinoise en matière de cybersécurité, qui pourrait aboutir à l'exclusion de certaines entreprises européennes du secteur de la haute technologie et des télécommunications du marché chinois. Des mesures restrictives ont été prises sur l'exportation de certains fromages ainsi que sur le lait stérilisé (469 millions d'euros d'exportations menacées). Des difficultés d'exportations de certains produits d'équipements culinaires sont également avancées (383 millions d'euros). Inversement des barrières ont été levées dans le domaine de l'agriculture et de la pêche ; de plus, l'exportation européenne de matériel génétique de bovins et d'ovins a été autorisée.



 
Journée des célibataires 2018
(Source texte : McKinsey
)
 
          L'évènement de promotions sur internet lancé par Alibaba en 2011 continue de progresser en montant de ventes, mais le rythme de sa croissance s'est considérablement ralenti (voir graphique McKinsey). Il est désormais relayé par des magasins physiques, et exporté à l'international.

          Les promotions attirent des parts de marchés supplémentaires à certains secteurs, comme ceux des produits pour jeunes mères et nourrissons, ceux des produits cosmétiques et de soin pour la peau, ou encore les vêtements.

         Pour éviter de rogner trop sur leurs marges avec des promotions trop importantes, les différentes marques créent des éditions spéciales pour l'évènement (Budweiser et Johnson and Johnson) quand d'autres comme Dyson en profitent pour lancer leurs nouveaux produits.



 
Bilan T2 2018

         L'économie chinoise reste stable au second trimestre 2018, avec un douzième trimestre consécutif de croissance compris entre 6,7% et 6,9%.

             L’économie a été tirée par une consommation en forte hausse au S1 2018, +9,4% par rapport au S1 2017. La consommation représente désormais 78,5% de la croissance économique du pays. Les ménages ont dépensé un total de 18 000 milliards de yuans sur six mois, soit 2 400 milliards d’euros, à mettre en relation avec les 295 milliards d’euros dépensés par les ménages français sur l’ensemble de l’année 2017. L’alimentaire (incluant tabac et alcool) a représenté 29,3% de cette consommation. Mais on constate surtout la montée en puissance des équipement audiovisuels (+11%), des équipements télécoms (+11%), des produits cosmétiques (+14%) et des dépenses de santé (+20%). De manière structurelle, on constate également l’émergence d’un nouveau mode de consommation fondé sur les services, notamment concernant le tourisme, la santé, les soins aux personnes âgées, l’éducation et la culture.



 
Bilan T1 2018
 
         L’économie chinoise a maintenu sa croissance à un rythme de 6,8% au premier trimestre de l’année 2018. Le gouvernement anticipe un deuxième trimestre sur un rythme de 6,7% (service des prévisions du Centre d’information d’Etat) car les indicateurs du mois d’avril indiquaient un ralentissement de l’économie (voir plus haut). L’objectif gouvernemental est de 6,5% sur l’année 2018. 


 
Bilan de l'année 2017

          Le PIB a connu une croissance de 6,9% en 2017 contre 6,7% en 2016, dépassant l’objectif de 6,5% fixé par le gouvernement. Cette croissance exceptionnelle a permis de créer 13 millions de nouveaux emplois sur l'année (pour un objectif de 11 millions) et le chômage dans les villes a connu un plus bas historique (cf Bilan T1/T2/T3 2017). La prévision de croissance 2018 est en baisse, compte tenu des menaces qui pèsent sur la conjoncture : la Banque mondiale anticipe 6,4% de croissance. L’objectif est de doubler le PIB 2010 d’ici 2020 pour atteindre la société de moyenne aisance. Dans cet optique, l’objectif de croissance qui sera fixé en mars, devra donc être compris entre 6,2% et 6,5% selon toute vraisemblance.
          Les principaux risques sur la croissance chinoise sont le relèvement prévu des taux d’intérêts aux Etats-Unis et la bulle immobilière qui ne cesse de croître. D’autre part, au cours de l’année 2017, la dette a augmenté plus vite que le PIB. Celle des entreprises s’établit désormais à 165% du PIB, tandis que celle des ménages a fait un bond du fait de la spéculation immobilière. Mais ce niveau élevé n’est pas inquiétant outre mesure du fait de l'exceptionnel taux d’épargne des chinois.

          Au cours de l'année, le yuan a gagné près de 6% face au dollar (la tendance s'accentuant encore en janvier 2018). Cette hausse, consécutive au relèvement des taux par la Banque Populaire de Chine, a stimulé le tourisme chinois à l'étranger et favorisé les importations. Elle a également permis à l'inflation de rester une nouvelle fois à des taux très bas, sous les 2%.

          Enfin, les conditions de vie en Chine ont continué de s'améliorer. L'objectif principal de la politique économique chinoise reste l'éradication totale de la pauvreté d'ici 2020. Selon les statistiques officielles, il restait 30 millions de personnes sous le seuil de pauvreté (3000 yuans annuels par personne) à fin 2017, et le gouvernement prévoit la sortie de 10 millions de personnes par an de la pauvreté. L'objectif a été atteint sur 2017, grâce notamment au relogement 3,4 millions de personnes et à la rénovation de 6 millions de logements urbains. D'autre part, selon les chiffres annoncés par le Président Xi lors de ses vœux de nouvelle année, la Chine compte désormais 1,35 milliards de bénéficiaires de l’assurance maladie de base et 900 millions de bénéficiaires de l’assurance vieillesse, soit une très large couverture de la population.

 

 
Etat de l'investissement sur l'année 2017
Chiffres du Ministère chinois du commerce

          Les IDE chinois à l’étranger ont subi une baisse de 29,4% en 2017 à 120 milliards de dollars, conséquence directe de la décision restrictive prise au milieu de l’année. En effet, en août 2017, le Conseil d’Etat chinois établissait une liste de secteurs interdits à l’investissement hors de Chine : immobilier, divertissement, hôtellerie, clubs de sport, pornographie, industries lourdes. Cette décision ciblait notamment les entreprises étatiques dont les investissements spéculatifs répétés ces dernières années étaient venus fortement aggraver la dette ; mais elle visait aussi à enrayer une fuite des capitaux qui s’investissaient dans la pierre à l’étranger. Désormais les IDE doivent cibler les pays des Nouvelles routes de la Soie, éviter les zones à risque et privilégier les infrastructures. Si la chute a été importante, elle n’a pas concerné uniformément tous les pays (la Grande-Bretagne a été privilégiée par rapport aux pays de l’Union européenne qui ont enregistré le plus fort déficit). Sur les deux derniers mois de l’année, il faut toutefois noter une inversion de la tendance, grâce aux secteurs des services, du commerce et au secteur manufacturier.

          A l’inverse, les investissements étrangers en Chine ont continué de progresser en 2017 (+7,9%), pour s’établir à 136 milliards de dollars. Le ministère est très satisfait de la structure de ces investissements, qui se sont portés à 20% sur le secteur des hautes technologies. D’autre part, le nombre d’entreprises qui se sont installées en Chine est encore en forte augmentation (+30%) témoignant de la stabilité de l’environnement chinois et de son dynamisme, ainsi que de la réussite de la politique d’assouplissement réglementaire.

          Après une année 2016, où les investissements chinois à l'étranger avaient atteint des niveaux records, la Chine a souhaité rediriger les flux d'argent vers le territoire national, et ses IDE vers des destinations ciblées. Elle a aussi réussi, dans le cadre de sa politique de lutte contre la dette des grands groupes étatiques, à mettre un frein à leurs investissement désordonnés et pléthoriques. C'est une mauvaise nouvelle notamment pour la France (-58%) et les Etats-Unis (-35%), dont les présidents étaient venus à tour de rôle en Chine pour réclamer davantage d'investissements chinois sur leur sol.



 
Bilan T1/T2/T3 2017
Les chiffres annoncés l'ont été dans le cadre du 19ème Congrès du PCC.

       L'objectif de croissance annuel de 6,5% sera tenu, voire dépassé et le PIB passera les 12 100 milliards de dollars. Au cours des neuf premiers mois de l'année, on constate une croissance de 6,9% en rythme annualisé, avec malgré tout un léger ralentissement au 3ème trimestre (6,8% de croissance en annualisé).

      La croissance du PIB est portée par les investissements privés, qui ont augmenté de 6% depuis le début de l'année contre 2,5% sur la même période en 2016. Ces chiffres témoignent d'un phénomène de report des investissements de 2016 sur 2017, qui dope la croissance. Les investissements privés représentent 60% du volume total des investissements d'actifs fixes de la Chine, 80% des emplois, 60% du PIB et 50% des recettes fiscales.

       Avec 3,95% de chômage dans les villes, l’emploi est à son meilleur niveau depuis 2001. Le Bureau d’Etat de la statistique annonce également 4,83% de chômeurs sur les 31 premières villes ce qui représente également un plus bas depuis 2012. Pour mémoire les niveaux précédents étaient de 4,1% environ sur 2010-2015 et 4,02% à fin 2016. Cependant, la pression reste grande, avec 15 millions de personnes par an qui vont entrer sur le marché du travail chaque année (au moins jusqu’à 2020), dont 8 millions de nouveaux diplômés. Le Ministre des ressources humaines et de la sécurité sociale, Yin Weimin a également annoncé que l’objectif de 11 millions d’emplois créés en 2017 était déjà quasiment atteint à fin septembre. De 2015 à 2020, chaque augmentation de 1% du PIB correspond à la création de 1,8 millions d’emplois.
 
      L'inflation est pour sa part restée stable, une constante depuis 2012. La conjoncture est donc toujours bonne, malgré les difficultés économiques mondiales. La croissance permet chaque année à 10 millions de personnes de sortir de la pauvreté.


 
 
 



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