Présentation
L’Initiative des Nouvelles routes de la Soie a été lancée par le Président Xi Jinping en 2013, peu après son accession au pouvoir. Elle concerne non seulement les pays situés sur les anciennes routes de la soie, en Asie centrale, mais aussi les pays d’Asie du sud-est et d’Afrique de l’est (routes de la soie maritimes). Sa dénomination chinoise, « une ceinture, une route » n’est pas porteuse d’une dénomination géographique claire, ce qui induit que l’initiative est susceptible d’être élargie indéfiniment. L’objectif initial affiché était de relier la Chine à l’Europe, son principal débouché commercial, par de nouvelles voies terrestres et maritimes. Le second objectif initial, dénoncé avec force par les Etats-Unis, était d’écouler les énormes surcapacités chinoises. Enfin, l’initiative répond également à un besoin intérieur : s’ouvrir vers l’ouest et désenclaver les provinces des marges et de l’intérieur du pays. En 2012, les provinces de l’ouest ne constituaient que 20% du PIB chinois, à peine 3% de mieux qu’en 2000 (date de début du développement des provinces de l’ouest).
Dans les faits, l’action de la Chine se caractérise par de nombreux prêts offerts à des gouvernements de pays ciblés pour la construction d’infrastructure. En échange, le maître d’ouvrage est la plupart du temps une entreprise d’Etat chinoise. En garantie en cas d’insolvabilité, l’exploitation de l’ouvrage revient à des une autre entreprise chinoise.
Historique
Le 7 septembre 2013, le Président Xi a prononcé le discours fondateur intitulé « Promouvoir l’amitié entre les peuples et travailler ensemble à construire un avenir brillant ». Il établit cinq axes de coopération : communication politique, connectivité routière, circulation monétaire, compréhension entre les peuples et construction d’une route de la soie économique (terrestre – la « ceinture »). La composante maritime est annoncée le mois suivant – la « route » (Route maritime de la soie du 21ème siècle). La Banque asiatique d’Infrastructure et d’investissement (AIIB) est lancée en 2014, pour appuyer cette initiative ; 57 Etats en deviennent les membres fondateurs. Les Nouvelles routes de la Soie doivent se développer jusqu'en 2049, année du centenaire de la République Populaire de Chine.
Contexte macro-économique
Suite à la crise de 2008, le monde s’est enfoncé dans une période de stagnation de la richesse mondiale, de ralentissement de la croissance de la productivité et d’incertitude économique. Les investissements transfrontaliers et le commerce mondial ont stagné et un ajustement structurel de l’économie mondiale s’est enclenché. Cet ajustement s’est caractérisé la montée de barrières protectionnistes à l’extérieure des zones de libre-échange, et par un approfondissement de l’ouverture des marchés développés entre eux (TAFTA, CETA). Le corollaire étant la définition de normes techniques, sécuritaires ou environnementales avantageant les deux parties. La Chine a donc été confrontée au risque de se retrouver marginalisée dans le commerce mondial. L’initiative des Nouvelles routes de la Soie est donc une réaction à ce contexte international défavorable, et constitue même une contre-offensive économique face aux pays industrialisés. Parallèlement, un très grand travail est effectué pour fonder la croissance chinoise sur la qualité, l’innovation et l’efficacité.
D'autre part, la Chine cherche a limiter sa dépendance à certaines infrastructures et normes étrangères pour mieux gérer les flux internationaux, par exemple sa dépendance en matières premières. Elle vient compléter la stratégie de sécurisation des routes maritimes par des bases militaires, appelée autrefois par les Américains "Stratégie du collier de perles".
Spécificité
L’initiative des Nouvelles routes de la Soie casse le cadre désormais traditionnel de l’organisation régionale : elle propose un cadre ouvert et inclusif à une coopération régionale et reçoit positivement les initiatives extérieures. Elle pâtit cependant, depuis le début de l’opposition de principe de pays occidentaux redoutant l’extension de l’influence chinoise. L’initiative donne également un rôle aux organisations multilatérales comme l’Organisation de coopération de Shanghaï, l’APEC, l’ASEAN+1, etc.
Mais c’est principalement la puissance financière chinoise qui fait la force des Nouvelles routes de la Soie : elle est capable de financer un nombre toujours croissant de projets, sans craintes d’insolvabilité de la part des créanciers. Sa force d’entraînement découle de là, car elle incarne aux yeux des autres pays de l’Initiative la possibilité de réussite économique : c’est ce qu’incarne le slogan maintes fois répété « win-win ».