Bilan de la tournée en Asie du Sud-Est des dirigeants chinois
Tout de suite après la visite du Président Trump en Chine, le Président Xi s’est rendu au sommet de l’APEC au Vietnam (Da Nang) avant de poursuivre par une visite d’Etat dans ce pays puis au Laos. Parallèlement, le premier ministre Li Keqiang a représenté la Chine au sommet ASEAN + 3 qui s’est tenu à Manille aux Philippines, avant d’effectuer une visite d’Etat dans ce pays. Le Président Trump était également présent à Da Nang puis à Manille.
Sommet de l’APEC « Créer un nouveau dynamisme, favoriser un avenir partagé »
Le Président Xi a profité de ce sommet pour rappeler sa position concernant l’ouverture des économies. En effet, il plaide depuis 2014 pour la création d’une vaste zone de libre-échange en Asie-Pacifique. Selon lui, l’année 2017 a été marquée par le redressement de l’économie mondiale qui a redonné confiance à tous les acteurs, ainsi que par les profonds changements induits par les progrès technologiques en cours. Il appelle donc à mettre les économies à niveau et à construire une structure régionale écologique et ouverte sur le reste du monde. Le Président Trump a indiqué que désormais, le gouvernement des Etats-Unis privilégierait les intérêts nationaux, mais qu’il souhaitait réaliser un commerce mutuellement bénéfique, dans l’intérêt de tous les pays partenaires.
La Chine considère qu’il faut assumer la tendance de l’époque vers l’ouverture et participer de la globalisation dans la mesure où celle-ci est irréversible. Le Président Xi Jinping a également promu l’initiative chinois des Nouvelle routes de la soie qui participent de la connectivité entre les économies et contribuent à créer une « communauté d’avenir partagé ».
La déclaration de Da Nang témoigne d’un nouveau dynamisme, après les difficultés qu’ont créé l’élection de Donald Trump. Elle prévoit de régler le problème des pratiques commerciales déloyales et appelle au retrait des subvention ayant des effets de distorsion sur le marché. En clôture, le Président Xi a lancé un appel en quatre points : promouvoir l’innovation, ouvrir les économies, poursuivre le développement inclusif, enrichir les partenariats. Il a rappelé qu’un développement à huis-clos était condamné.
Le discours chinois a globalement bien porté, au milieu des anciens alliés d’Obama dans la politique américaine de containment. La Chine est en effet devenue le moteur de l’APEC, depuis l’élection de Donald Trump. De son côté, la Chine souhaite un développement global via des coopérations gagnants-gagnants ; elle craint en effet les déséquilibres qui président à la globalisation d’aujourd’hui car ils sont source d’instabilité géopolitique. Un développement réussi est forcément global à leurs yeux.
Sommet de l’ASEAN 2017 « Partenariat pour le changement, mobiliser le monde. »
Les chefs d’Etat de l’ASEAN étaient réunis à Manille, en présence du Président Trump et du Premier ministre chinois, Li Keqiang. Ce dernier a assuré une nouvelle fois ses partenaires de la volonté d’ouverture de la Chine et souhaite travailler d’une manière plus étroite avec l’ASEAN, notamment sur l’amélioration rapide de la zone de libre-échange Chine/ASEAN. En clôture du sommet, Li Keqiang a proposé de se concentrer sur trois piliers : sécurité politique, économie et commerce et échanges entre les peuples. A cet égard, il a indiqué que la Chine fournira 20 000 bourses pour aller étudier au sein de ses universités.
L’ASEAN ne peut concevoir de développement en dehors de la Chine : elle ne compte que 600 millions de consommateurs contre le double pour la Chine. Le désengagement américain rend encore plus nécessaire l’ouverture du marché chinois, mais aussi la coopération et les investissements mutuels.
Visites d’Etat
Vietnam (Président Xi)
La Chine est le plus grand partenaire commercial du Vietnam, tandis que le Vietnam est le premier partenaire de la Chine en Asie du Sud-est. Les deux pays souhaitent approfondir leur coopération en matière d’infrastructure, mais aussi de potentiel industriel, via notamment la mise en œuvre de l’initiative des Nouvelles routes de la Soie au Vietnam. Les IDE chinois sont importants (600 millions de dollars en 2016), pour des investissements dans le photovoltaïque et le textile essentiellement.
Laos (Président Xi)
La Chine est engagée au Laos dans la construction d’un corridor économique entre Kunming (capitale du Yunnan) et Vientiane (capitale du Laos). Ce corridor est structuré autour d’une voie ferrée rapide qui a fait l’objet d’un contrat de 6 milliards de dollars, financé à 70% par des Chinois et qui devrait être prolongée à moyen et long terme jusqu’à la Thaïlande puis la Malaisie. La Chine espère ainsi désenclaver ce pays sans accès à la mer, mettant en application le principe de connectivité des territoires qui préside aux Nouvelles routes de la Soie. La visite du Président Xi a sanctionné l’accélération des investissements chinois et des coopérations bilatérales dans le pays : infrastructures lourdes (route frontière Laos/Cambodge, barrages hydrauliques, agrandissement de l’aéroport de Vientiane) et légères (hôpital, usine de ciment), formation (tradition d’étudiants laotiens en Chine). Les chiffres indiquent pour 2016 : 2,3 milliards de dollars de commerce transfrontalier, 5,4 milliards d’IDE Chinois au Laos (portant le total des IDE Chinois à presque 70 milliards dans le pays, soit 25% des investissements étrangers). Cela s’explique par le fait que les co-entreprises qui s’installent avec des partenaires chinois ou Hong-Kongais profitent d’opportunités en termes d’emplois et de taxes ; les entreprises n’hésitent plus à délocaliser de Chine vers le Laos. La Chine est le 2ème partenaire du Laos après la Thaïlande et le Président Xi a indiqué sa volonté de « hisser le partenariat à un plus haut niveau ».
Philippines (Premier ministre Li)
Récemment, le différend territorial a été mis en sourdine par les Philippines, en échange de concessions économiques chinoises. Les partenariats se sont multipliés sur des projets d’infrastructures (ponts à Manille), de parcs industriels et aussi sur l’aide au développement. La visite d’Etat du Premier ministre Li Keqiang sanctionne ce rapprochement.
