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L'objectif de l'Association franco-chinoise de développement commercial partagé est d'améliorer la compréhension réciproque entre Chinois et Français
et de favoriser la création de liens commerciaux durables entre les deux peuples.

Région administrative spéciale de Hong-Kong
par Thibault Ruinet, correspondant sur place

Etat du marché à mai 2020 - Crise politique et coronavirus à Hong Kong : Comparaison et évaluation de l’impact économique couplé de ces deux crises
 
Le territoire semi-autonome de Hong Kong est le théâtre de deux crises majeures depuis le deuxième semestre de l’année 2019 : un mouvement de contestation massif suite à une proposition de loi sur l’extradition (abandonnée depuis) suivi d’une crise sanitaire mondiale provoquée par le Covid-19 au début de cette année 2020. Ces deux crises, radicalement différentes dans leur nature, ont eu en commun de provoquer une crise économique qui soulève de nombreuses questions sur le futur développement de Hong Kong.
 
En juin 2019, ce qui apparaissait aux yeux des partisans de la réforme d’extradition comme la suite logique de l’intégration du régime de Hong Kong dans le système judiciaire chinois a été directement dénoncé par les pro-démocrates comme l’étape ultime de mise à bas des libertés garanties par la loi fondamentale de 1997. Si l’impopularité a été aussi forte, c’est avant tout parce qu’en autorisant les individus à comparaître devant un système judiciaire chinois opaque et politisé, elle s’attaquait à la liberté d’entreprendre, pierre angulaire de l’économie libérale de Hong Kong.

Les manifestations régulières et massives de l’été 2019 (celle du dimanche 9 juin a rassemblé 1 million de personnes) ont fortement pesé sur la demande intérieure. Les secteurs liés au tourisme, notamment le commerce de détail, l’hôtellerie, la restauration et le transport aérien, ont été les plus affectés. La désaffection des visiteurs chinois, de loin les premiers contributeurs aux revenus issus du tourisme sur le territoire, a ainsi provoqué des chutes historiques de 30 à 50% des ventes de produits de luxe en août 2019 par rapport à la même période un an plus tôt. Dans l’hôtellerie, les prix des chambres ont parfois été divisés par deux pour tenter d’attirer les touristes et résister au choc.  
 
Comme au plus fort de la crise politique, la propagation du coronavirus, d’abord à l’échelle de l’Asie puis à l’échelle mondiale, n’a pas épargné Hong Kong. Si sur le plan purement sanitaire, la population a été relativement protégée de l’épidémie (« seulement » 1000 cas pour 4 morts ont été relevés depuis janvier), l’impact économique s’est inscrit dans le prolongement de la crise politique. Il a été relativement mesuré du fait d’une forte discipline de la population qui a permis d’éviter un confinement brutal et donc une paralysie de l’économie. Les inquiétudes demeurent quant à une possible crise financière mondiale qui affecterait durablement la place de Hong Kong et son attractivité.
 
Pour répondre à ces deux crises, le gouvernement de Carrie Lam a principalement proposé des garanties de crédit aux entreprises et a distribué des aides financières directes aux commerces indépendants ainsi qu’aux ménages, notamment par des réductions sur le prix de l’électricité et du gaz et des crédits d’impôts massifs. Malgré ces mesures fiscales qui ont atteint 250 millions de HKD (soit 10% du PIB), l’économie de Hong Kong va probablement faire face à une récession plus dure encore que durant la crise financière asiatique de 1997, en atteignant -4% en 2020.
 
A plus long terme, le maintien de Hong Kong comme troisième place financière mondiale peut poser question si l’on en croit la montée en puissance de places concurrentes comme Singapour et Shenzhen en Chine. Pourtant, si le climat des affaires s’est trouvé dégradé par les deux crises successives, l’effondrement attendu des flux de capitaux transitant par Hong Kong n’a pas eu lieu est les entreprises ayant ou désireuses de quitter le territoire restent minoritaires.


 
Etat du marché à juin 2019
 
          Hong-Kong a été rétrocédée à la Chine en 1997. La République Populaire de Chine s'est alors engagée à maintenir le principe "un pays, deux systèmes", pour 50 ans.
          Hong-Kong compte pour 3% du PIB de la Chine, contre 16% au moment de la rétrocession (1997). Mais la RAS garde une grande importance économique, car deux tiers des investissements directs étrangers transitent par Hong-Kong avant de rejoindre le continent. D'autre part, elle reste une place essentielle pour le financement des entreprises chinoises avec 156 milliards de dollars levés depuis 2012, à Hong-Kong, ce qui est un total supérieur aux fonds levés par les entreprises chinoises en Chine continentale ou à Wall Street.
          La Bourse de Hong-Kong a pris une importance croissante ces dernières années, elle est parfois préférée par les entreprises chinoises par rapport à Wall Street. Elle a innové récemment avec : le lancement du Hong-Kong Connect en 2014 (qui permet aux investisseurs de Chine continentale d'investir à Hong-Kong, via la bourse de Shanghaï), une réforme des mécanismes d'introduction en Bourse sur les marchés domestiques chinois, la possibilité offerte par la Bourse de Hong-Kong de coter des structures avec des droits de vote multiples ou le lancement proche du nouveau marché technologique chinois (cf François Perrin, gestionnaire de portefeuilles chez East Capital, pour Les Echos du 20/06/2019).
        La monnaie hong-kongaise est le dollar de Hong-Kong, piloté par la Hong Kong Monetary Authority (HKMA). Il est arrimé au dollar US depuis la crise financière de 1983 et peut fluctuer entre 7,75 et 7,85 pour 1 dollar US depuis 2005. La Chine étudie l'hypothèse d'un arrimage au reminbi chinois, compte-tenu de la désyncronisation entre le cycle économique américain et celui de Hong-Kong (Kyle Bass, Directeur des investissements pour Hayman Capital in Les Echos du 21/08/2019).



Actualités

 
  • Juin 2019. Des manifestations importantes (certaines estimations indiquent 2 millions de participants) ont eu lieu à Hong-Kong, en opposition au projet gouvernemental d'autoriser les extraditions de prisonniers vers la Chine continentale. Face à l'opposition interne, mais aussi à la pression de la communauté internationale et du milieu des affaires (par exemple Fred Hu, directeur du fonds Primavera Capital), Carrie Lam, chef de l'exécutif de la RAS de Hong-Kong, a décidé d'ajourner ce projet. D'après Jean-Pierre Cabestan, Les Echos du 17 juin 2019, cette "victoire des manifestants tient aussi au fait qu'ils demandaient le maintien du statu quo, et non davantage de démocratie comme en 2014". En 2014, le mouvement des parapluies demandant des élections démocratiques n'avait pas été entendu.
  • La RAS de Hong-Kong constitue une enclave d’économie totalement développée, au milieu d’un pays encore émergent ; à ce titre, elle pose plusieurs défis au gouvernement central de Pékin, en matière économique. Comment maintenir l’ascenseur social dans une région où la croissance a « atterrit » ? Éric Florence, Directeur du Centre d’études français sur la Chine contemporaine à Hong-Kong, explique dans Les Echos du 2 juillet 2019 la précarité des jeunes hong-kongais, notamment vis-à-vis du logement, et les inégalités très importantes qui règnent sur le territoire de la RAS (35% du PIB au main des dix plus grandes fortunes). Le gouvernement central chinois se heurte ici à des obstacles semblables à ceux des pays développés et à l’occasion de d’élaborer des solutions reproductibles dans d’autres mégapoles chinoises. Quant aux libertés publiques, il se doit de rester un tant soit peu protecteur, dans la perspective de long-terme d’appliquer à Taïwan la solution « un pays, deux systèmes ».
     
     
     
     
     



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