Le Premier ministre anglais, Theresa May, a effectué une visite d’Etat de trois jours en Chine. Elle était accompagnée d’une délégation de 40 entreprises, universités ou associations commerciales (BP, HSBC, Aston Martin, Université de Manchester).
Les échanges commerciaux se sont élevés à 79 milliards de dollars entre les deux pays en 2017, avec 25 milliards d’importations chinoises en provenance du Royaume Uni et 54 milliards de flux inverse. Le Président Xi avait parlé en 2015 d’un « âge d’or » des relations entre les deux pays : de facto les relations se renforcent, avec 500 entreprises chinoises présentes au Royaume-Uni, une participation importante dans l’EPR d’Hinkley Point et 20 milliards d’investissements chinois (le Royaume-Uni étant en 2017 l’un des seuls pays occidentaux où l’investissement chinois ait augmenté). La Chine est le deuxième partenaire commercial hors-UE du Royaume-Uni et le Royaume-Uni est le 2ème partenaire européen de la Chine.
Cependant le Brexit suscite des craintes sur l’attitude protectionniste des britanniques. Mais il peut aussi représenter une opportunité, dans la mesure où les accords négociés avec le Royaume-Uni pourront être plus favorables au commerce que ceux s’appliquant à toute l’UE.
Déroulement et enjeux économiques
Au cours de son voyage, Theresa May a été reçue par le Président Xi. Celui-ci a proposé quatre points pour la coopération future entre les deux pays :
Considérer et façonner le développement futur des relations d’un point de vue stratégique et d’une manière globale ;Travailler ensemble afin de promouvoir la coopération économique et le commerce bilatéral ;Renforcer les échanges et la coopération dans le cadre d’institutions multilatérales (G20 / ONU / OMC) ;Renforcer les échanges culturels, de peuple à peuple.
Puis, à l’occasion d’un forum d’affaires Chine – Grande-Bretagne, elle a rencontré des industriels chinois de poids comme Jack Ma (Alibaba) et Li Shufu (Geely). Sur le plan économique, les discussions menées pendant les trois jours ont permis de conclure 9 milliards de livres d’accords commerciaux. Voici les principales conclusions des discussions :
Aston Martin a présenté un vaste plan de développement pour la Chine ;Accords concernant les villes intelligentes ;Construction d’un parc financier et technologique sino-britannique dans la nouvelle zone économique de Xiongan (Hebei) ;Implantation d’un parc d’innovation sino-britannique à Qingdao (Shandong) ;Poursuite des discussions sur la mise en place d’un système de connexion entre les bourses de Shanghaï et de Londres (concernant les actions A) afin que les acteurs d’un marché puissent acheter et échanger sur l’autre marché. La principale difficulté rencontrée est le décalage horaire ;Création d’un comité d’entreprise Chine - Royaume-Uni.
Enfin, le Premier ministre anglais a également tenu un discours à l’Université de Wuhan sur la coopération culturelle et les échanges en matière d’éducation. La coopération universitaire, très importante pour les Anglais fut au cœur du voyage et des accords furent conclus entre les universités des deux pays. D’autre part, la coopération scientifique bilatérale est intense, et a vocation à être encore renforcée, tant via les échanges inter-universitaires, que via des centres de recherche binationaux tels l’AMRI (Advandced materials research institute).
Conséquences
La première étape pour « intensifier l’âge d’or » (Président Xi) entre les deux pays est de conclure un accord commercial bilatéral favorable entre les deux pays, pour prendre le relai de ceux régissant les rapports avec l’UE. Le Royaume-Uni a, semble-t-il, suspendu son soutien à l’initiative des Nouvelles routes de la soie à la conclusion de l’accord commercial. Mais ce soutien est très important pour la Chine, comme un prélude à une collaboration sur le sujet. Dans un cadre institutionnel bientôt rénové (d’ici deux ans et la date officielle du Brexit), la coopération se renforcera autour des universités (les étudiants anglais sont pour l'instant peu présents en Chine), de l’intensification des investissements technologiques entre les deux pays mais aussi de la connexion entre les systèmes financiers.