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L'objectif de l'Association franco-chinoise de développement commercial partagé est d'améliorer la compréhension réciproque entre Chinois et Français
et de favoriser la création de liens commerciaux durables entre les deux peuples.

Impact économique du Coronavirus
Après une récession de 3,9% au premier trimestre, l’économie chinoise devrait rebondir de 15% d’avril à juin.

Point de situation économique à mi-avril 2020
 
           La superposition de la situation en Chine avec la montée d'une crise économique mondiale complique la reprise de l'activité en Chine. La croissance intérieure est insuffisamment repartie, car le climat mondial ne permet pas de maintenir la croissance des ménages. Le "revenge shopping" (frénésie de consommation suite au confinement) n'a finalement pas eu lieu ; au contraire, les ménages chinois ont tendance à épargner davantage (Source : Sondage UBS sur la consommation des Chinois réalisé début avril, cité dans Les Echos du 17 avril 2020). L'ampleur de la contraction au premier trimestre a été parallèlement réévaluée à 6,8% de récession par le Bureau national de la statistique de Chine. La reprise devrait donc se dessiner plus timidement que prévu, et s'étaler sur un temps plus long.


 
Présentation générale, à mars 2020
                La Chine a connu un vent de panique dès le début des vacances du nouvel an chinois (tombé cette année le 25 janvier). A partir du confinement de Wuhan le 23 janvier, qui a précédé celui de la Province du Hubei, puis des mesures de confinement étendues à toutes les grandes villes de Chine, l’économie s’est rapidement arrêtée. La plupart des usines ont été mises à l’arrêt et les employés de bureau renvoyés chez eux. Production et consommation ont été considérablement ralenties et les supply chains complètement désorganisées. L’Etat a mis en place une économie d’urgence dans laquelle seules les productions stratégiques étaient tolérées. Les déplacements furent strictement contrôlés dans les plus grandes villes, mais la peur a poussé la plupart des Chinois à rester chez eux. JP Morgan Chase mesure la récession qui en a résulté en Chine -3,9% au premier trimestre sur une base de trimestre à trimestre (China Daily, Global Weekly du 13 mars).
                La sortie de crise s’est amorcée dès la fin février, avec une forte volonté gouvernementale de faire redémarrer les entreprises, sans sacrifier sur la sécurité. Les gouvernements locaux ont alors été à la manœuvre ; certains ont été accusés de faire tourner l’électricité partout sans renvoyer les personnels au travail, pour atteindre les objectifs gouvernementaux. On peut donc estimer que les chiffres officiels de reprise du travail ont une bonne semaine, voire 10 jours d’avance sur la reprise effective. Les chiffres officiels donnent ceci : au 28 février, le Zhejiang (90% de reprise pour les entreprises de plus de 20 millions de yuans de CA – environ 2,5 millions d’euros) et le Guangdong (82%) ont été les premiers tandis que Shanghaï (73%) puis Pékin (61%) ont davantage attendu. Au niveau national, le chiffre de 67% était présenté, même si on peut penser qu’il a été réellement atteint une semaine plus tard. Au 20 mars, la reprise concerne toutes les entreprises de ce calibre (elles sont prioritaires), même si la plupart ne sont pas à 100% de leurs capacités, faute de clientèle. En effet, après avoir libéré l’offre, la nouvelle priorité de la Chine (réunion du Bureau Politique du PCC du 4 mars) est de remettre en route la consommation, ce qui va forcément s’étaler sur un nouveau mois et demi (jusqu’à mi-avril).
 
                Deux types de chocs ont impacté les entreprises présentes en Chine : effondrement de la demande et effondrement de la production. Distribution, hôtellerie, tourisme, compagnies aériennes ont été victimes de l’absence de consommateurs, avec en point d’orgue la faillite du conglomérat HNA, centré sur le transport aérien. Pour les entreprises multinationales dont les chaînes de production étaient centrées sur la Chine, le coronavirus a provoqué une rupture de l’approvisionnement et donc empêché la vente de nouveaux appareils. La situation a été criante pour les produits technologiques de types smartphones ou tablettes pour lesquels la Chine centralise une part écrasante de la fabrication. Sur le reste des biens de consommation, certaines entreprises ont pu trouver des dérivatifs, dans la mesure où le marché de consommation chinois s’étant effondré, elles n’avaient plus à l’alimenter. Essilor a ainsi pu pousser la production d’usines situées hors de Chine pour alimenter un marché asiatique délesté de la consommation chinoise (information Les Echos).  
                Les secteurs stratégiques (électricité, agriculture, médical, assainissement de l’eau) ont également été touchés ; ils ont dû s’en remettre à des innovations technologiques pour continuer à tourner malgré les menaces de contamination. Ainsi l’agriculture a largement amplifié le rôle des drones dans sa production (surveillance, semis, épandage de pesticides), en utilisant également des drones reprogrammés et modifiés pour cet usage. D’autre part, l’arrivée rapide de masques a permis d’équiper rapidement les employés des usines stratégiques et de leur assurer une protection.
 
                Inversement, les entreprises du secteur de la santé (laboratoires pharmaceutiques, fabricants de matériel médical) ont connu une intense période (qui n’est pas terminée), avec des commandes à flux tendu. Sous la pression des autorités, elles ont dû faire tourner leurs chaînes de production au-delà de leurs capacités, et n’ont pas pu faire face à la demande domestique. La poursuite de la crise sanitaire au-delà des frontières chinoises va leur permettre de maintenir l’activité à un niveau exceptionnel dans les mois à venir. D’autre part, l’ampleur mondiale du Coronavirus va donner un coup de fouet à cette industrie et les entreprises chinoises investissent dès à présent massivement en R&D pour répondre à tous les besoins (équipements et traitements) qui vont se faire jour après crise : drones et robotique de désinfection, vaccins, etc.
                Dans la même ligne, les entreprises de robotique (ou drones) et d’IA ont été à l’honneur, car leurs technologies ont permis de poursuivre les activités essentielles en limitant les interventions humaines. On citera par exemple les drones agricoles ou encore les algorithmes de Tencent ou d’Alibaba, qui ont permis de tracer les déplacements des personnes malades.
                D’autre part, les entreprises offrant des services en ligne ou à distance comme le jeu vidéo, le streaming, le e-commerce ou les services éducatifs ont connu une forte croissance, due au confinement et à l’augmentation du temps passé par les consommateurs sur leurs téléphones mobiles. Un mode de consommation, autrefois en retrait, le contactless delivery (livraison sans contact avec un livreur, à un lieu de stockage, dans une résidence d’habitation) a connu un développement sans précédent (cf Etat du marché).
 
                Pour le Président Xi Jinping dans son discours du 23 février 2020, une fois la vague passée, il était important de se reconcentrer pour atteindre les objectifs économiques du centenaire, à savoir : éteindre la grande pauvreté et devenir une société modérément prospère avant la fin de 2020. Pour remplir cet objectif qui passe par le doublement du PIB de 2010 à la même date, il faut que l’économie chinoise croisse à un niveau compris entre 5,5% et 6% sur l’année 2020. Ces dernières années, la Chine avait mis l’accent sur quatre leviers : passer d’une croissance fondée sur l’exportation et les investissements étrangers à une croissance fondée sur la consommation privée, développer les services, construire des mécanismes sociaux de protection des individus et mettre l’accent sur l’innovation technologique nationale.  Pendant la crise du Coronavirus, l’action entamée sur ces quatre points a été lourdement affectée ; le gouvernement chinois a donc souhaité agir pour les défendre. Les mesures prises visaient notamment à protéger les 18 millions de PME et à limiter le taux de chômage.
                Dès le 2 février, le gouvernement a annoncé le déblocage de 1 200 milliards de yuans (156 milliards d’euros) depuis la Banque Populaire de Chine (Banque centrale) et à destination des banques (prises en pension) ; l’objectif est que celles-ci puissent ouvrir des lignes de crédit supplémentaires aux entreprises, notamment aux PME, et que celles-ci puissent survivre à la crise. Mi-février ces mesures ont été amplifiées avec à nouveau près de 300 milliards de yuans (40 milliards d’euros) injectés via des prises en pension mais aussi grâce à la baisse de taux directeurs qui ont par la suite été répercutés aux PME. Plus directement, le gouvernement a également exonéré de cotisations retraites certaines PME. Enfin, concernant le volet social, le gouvernement chinois a négocié début mars avec les principaux laboratoires pharmaceutiques ; il a obtenu une baisse des prix des médicaments contre les maladies les plus lourdes en échange du remboursement des traitements.
                Les effets de ces mesures seront à mesurer dans les mois à venir. JP Morgan estime que ces mesures auront été suffisantes et que l’économie chinoise devrait puissamment rebondir de 15% au second trimestre sur une base de trimestre à trimestre (China Daily, Global Weekly du 13 mars).
 
Commentaire
                L’économie chinoise a été durement touchée par la première vague de la crise du Coronavirus qui va laisser des traces dans les modes de consommation. Mais la confiance des consommateurs chinois ne semble pas suffisamment atteinte pour freiner durablement la consommation et il semble qu’un véritable rebond se profile. Toutefois, la reprise va constituer pour la Chine un véritable test : la consommation intérieure est-elle capable de tirer la croissance et de provoquer le rebond ? En effet, la mise à l’arrêt des plus grandes économies mondiales (qui sont les débouchés à l’export de la Chine) va, pour le second trimestre a minima, bloquer totalement le deuxième moteur de l’économie chinoise.


 
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